L'appel
Au fond du gouffre... un super pouvoir
Le gouffre ? C’est celui dans lequel mes enfants sont noyés. A l’âge où le monde devrait leur ouvrir ses portes, à l’âge des découvertes, à cet âge où j’ai choisi de devenir architecte pour apporter ma pierre à notre société, eux sont paralysés par des principes de précaution qui leur sont totalement étrangers.
Demandez moi d’effacer les rencontres de ma jeunesse, de renoncer à tous ceux qui m’ont aimé, façonné et fait confiance durant cette période, demandez cela à n’importe qui, il vous le refusera, il se battra et se rebellera.
Je vais me rebeller. Je n’accepte plus que mes enfants soient privés de tout contact à l’âge où leur histoire commence. Pour la première fois de ma vie, je vais me lever. Je vais franchir calmement la ligne rouge tracée par la peur.
Je ne le ferai pas pour pour moi, même pas pour tous ceux qui ont perdu leur job, qui ont vu le travail d’une vie balayée d’un geste de la main. Je ne le ferai pas pour ma grand-mère que j’aurais du embrasser il y a quinze jours alors qu’elle mourrait d’avoir contracté le virus et que mon cœur me hurlait de la serrer dans mes bras. Je ne le ferai pas pour tous ceux qui vont perdre leur travail, leur logement ou un enfant dans les semaines à venir, victimes des mesures actuelles.
Je le ferai pour mes enfants. Je le ferai pour qu’ils sachent que la démocratie a un prix, qu’elle demande d’affronter ses peurs et celles bien plus grandes encore des autres. Je le ferai pour qu’ils puissent raconter à leur petits enfants que leur parents se sont battus pour eux, pour qu’ils reçoivent le bien le plus précieux sur terre : la liberté. Je le ferai enfin pour qu’ils comprennent que la vie est un risque qui vaut la peine d’être pris.
Et mon super pouvoir ? Je l’ai découvert pas plus tard que ce soir. Je vais contacter quelques parents. Je vais marcher 500m et prendre l’air. Je vais me rendre sur la place la plus proche de chez moi, le dimanche 14 février à 11h00. Ce sera la place de la grande ville voisine ou celle de mon village. Je vais m’y arrêter, tracer au sol un cercle de craie d’un mètre cinquante de diamètre et m’y tenir debout au centre. Je transmettrai ce bout de craie à ceux qui souhaitent me rejoindre et j’attendrai que, de cercle en cercle, cette vague atteigne nos dirigeants.
Et là, si vous aussi vous appelez vos proches, qu’à votre tour vous tracez un cercle, puis deux, puis dix et enfin des centaines sur chaque place de Belgique, vous découvrirez notre super pouvoir : celui de la détermination.
Le temps est venu d’abattre ce monde de résignation, de peur et de désespoir.
Le temps est venu d’offrir un monde libre à nos enfants.